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LETTRE Du togo 1

Voyage de Juillet/Août 2019 - Lomé - Mariage de Holalie et Antoine.


Holalie - Lomé

La brume de chaleur qui recouvre habituellement le Sahara est aujourd'hui très légère. J'apprécie cette chance et vais profiter du spectacle. Presque 11 km plus bas, des ramifications de chemins de pluie desséchés étalent désespérément leurs bras épuisés. Dérisoire alimentation d'oueds eux aussi à sec.

D'habitude je trouve que l'avion avalant les distances, gomme aussi la lente apparition des choses. Il ne permet pas d'apprécier les discrètes mutations, les lentes évolutions des changements de la nature, du relief, de la flore. L'avion s'accommode des échelles d'un millier de km. J'assiste sur mon siège un peu en accéléré, à l'arrivée du désert, à sa mise en place depuis la côte algérienne.

Se repérer avec une carte Michelin routière au millionième est assez facile car le cap de l'avion suit à peu près l'unique route trans-saharienne filant sur Tamanrasset et Agadez.

À cette altitude de croisière, les vastes systèmes d'arrosage automatique dessinent sur le sol des petits cercles verts. Les hauts plateaux du Tassili puis la plaine du Tidikelt déploient leur nappe monochrome jaune orangée.

Sahara vu d'avion

Manipuler cette vieille carte remue des souvenirs. Prise au hasard dans mon stock de cartes mondiales, celle là est une fidèle compagne. C'est la carte que j'avais utilisé il y a 54 ans lors de ma traversée du Sahara avec une 2 cv à bout de souffle.

À 18 ans , le permis à peine en poche et un goût de la vie qui me faisait vivre les aventures avec une facilité qui m'étonne a posteriori, j'avalais le monde. Qu'allais je chercher en cette fin d'adolescence ? Me confronter à un réel sans porte de sortie possible ?

Tester mes connaissances mécaniques sur un véhicule basique ? Vivre une expérience d'autonomie pratique dans des conditions ultimes ?... sans aucune assistance possible. Compter sur "un autre", sur "les autres" ne me venait même pas à l'esprit !! En tout cas, les conditions de voyage de l'époque garantissaient la vraie aventure, celle de l'autonomie absolue... ou la disparition, par échec de discernement. Aller dans mon armoire à carte est toujours chaud en souvenir. Ces cartes fatiguées sont de véritables madeleines de Proust. Aériennes ou terrestres, elles réactualisent des situations.


Ancienne carte du Togo.

La carte du Sahara de 1966 par exemple. Son papier usé, aux pliures éreintées, me livre des infos déconnectées de notre époque. J'adore ce décalage et je me délecte de ces informations devenues inutilisées parce qu'il y a longtemps que les voyageurs ont désertés ces types de contrées trop aventurières. Des informations sur les puits en bord de pistes, annotés de leurs profondeurs ( entre 24 et 108 mètres) leurs types ( artésiens, éruptifs ) ou leur qualités ( bonne, douce, salée) ; des remarques sur l'utilisation des routes ( à éviter en période de pluie). Comparé au GPS, ce sont 2 mondes différents : Le GPS ne propose pas de suggestion ou n'émet pas un conseil éclairé. Programmé pour être efficace, il indique les points à suivre, l'un après l'autre, sottement, toujours le nez dans le guidon. Une carte, elle, fait déjà vivre le voyage, rien qu'à l'ouverture. Il est temps de replier la carte ... la descente vers LOMÉ est amorcée.


Suite au prochain numéro ...


Dominique





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